Pourquoi revenir à la nature n’est pas un luxe, mais un besoin fondamental
Il y a de fortes chances que, pendant que vous lisez cet article, vous soyez distraite par neuf messages non lus et de nouvelles notifications sur les réseaux sociaux. À une époque où nous sommes constamment connectés à tout et à tout le monde, il devient parfois difficile de se concentrer sur l’instant présent et sur soi-même. Alors, comment ralentir dans cette jungle pleine de stimulations ?
Une réponse à cette mode de vie effrénée est le slow living ou slow health. Il s’agit d’un choix conscient de se reconnecter physiquement et mentalement de manière naturelle. « Le ressenti est au centre de cette approche », explique Lily-Joan Roberts, coach personnelle spécialisée en Ayurveda, alimentation intuitive et cuisine. « Il s’agit aussi de prendre le temps pour permettre à votre corps d’enregistrer ce qui se passe autour de vous. Nous sommes tellement habitués à faire plusieurs choses à la fois, à produire et à consommer, que nous oublions ce que cela fait de simplement vivre. Être présente dans la nature permet de revenir à la simplicité et à la tranquillité, tout en approfondissant notre lien avec nous-mêmes. »
« Le slow living, c’est obtenir de la dopamine grâce à la nature, plutôt que de la chercher devant la télévision ou en scrollant sur les réseaux sociaux », ajoute Helena Eeckeleers, fondatrice de FlowfeelbyHelena, spécialisée en Ayurveda et organisatrice de retraites de surf et de randonnée, combinées au yoga. « Dans une forêt ou près de l’eau, vous retrouvez plus facilement votre connexion intérieure. Sans distraction. Dans toute cette agitation, on oublie souvent ce qui nous aide vraiment à faire le vide. »
Pas de solution universelle
Ce qui vous apporte de la simplicité, de la paix et de la profondeur peut différer complètement de ce qui fonctionne pour quelqu’un d’autre. « En Ayurveda – un concept proche du slow living, bien qu’ils ne soient pas identiques – on se concentre fortement sur le type de personne que vous êtes. C’est une manière de vivre où vous explorez vous-même ce dont vous avez besoin pour laisser le stress derrière vous. Ce n’est pas une approche universelle », explique Helena. « Selon votre type, vous vous régénérez davantage en étant proche de l’eau ou au cœur de la nature. Une autre personne se sentira mieux ancrée dans les stimulations d’une grande ville. »
« L’Ayurveda est comme un ancien guide pour vivre en harmonie avec soi-même et la nature », ajoute Lily-Joan. « C’est une invitation à observer votre propre corps et votre énergie, en lien avec le rythme des saisons. Elle vous pousse à chercher l’équilibre, et non la perfection. »
Lors de ses retraites de randonnée, Helena prévoit toujours un moment de silence pendant la marche, même lorsqu’elle se fait en groupe. Cela correspond parfaitement à la pratique du bain de forêt, la traduction du concept japonais Shinrin-Yoku, où l’on s’immerge dans la nature : l’odeur des arbres, le chant des oiseaux, l’environnement. « Vous avez besoin de ce silence pour savoir comment vous vous sentez vraiment. Marcher, sans musique ni conversation, juste vous, la nature et vos pensées. Certaines personnes trouvent ce silence angoissant, et ce n’est pas si surprenant. Nous sommes constamment occupés avec notre téléphone et la technologie. Cela nous éloigne souvent de ce que nous ressentons vraiment. Dans un tel moment de silence, il est impossible de fuir. »

Esprit bleu
Une autre manière de se reconnecter à soi est d’être en présence de l’eau. Le biologiste marin Wallace J. Nichols a décrit dans sa blue mind theory que l’on obtient un esprit bleu, un esprit clair et apaisé, en étant proche de l’eau. « Cela vous rend plus saine, plus heureuse et moins stressée », explique-t-il.
« Quand je suis sur ma planche de surf, je ne pense qu’à la prochaine vague et aux impulsions du moment », raconte Helena. « Cela m’apaise. Dans cet instant, dans l’eau, vous vous sentez connectée à vous-même, à qui vous êtes. Le reste n’a plus d’importance. Tout ce qui se passe avant ou après, c’est pour plus tard. À cet instant précis, vous êtes pleinement dans cet esprit bleu. »
« L’eau, les larmes, la sueur, la salive… Ce sont tous des éléments liés à l’eau, en connexion avec notre état physique et mental », explique Lily-Joan. « L’eau courante adoucit. Je le constate chez mes clients : il suffit parfois de tremper les pieds dans une rivière ou de s’ancrer un instant en arrosant ses plantes pour se reconnecter à soi. Et au fond, on le sait : sans eau, on se déshydrate. C’est aussi valable au niveau énergétique. Nous sommes la nature, mais nous l’oublions parfois. »
Un besoin fondamental
Comment mettre en pratique le slow health si vous n’aimez pas le surf ou les randonnées aventureuses ? « Commencez petit », conseille Helena. « Prévoyez une balade dans les Ardennes ou dans un parc près de chez vous. Ou mettez simplement votre téléphone en mode avion dans votre quotidien. Allez courir sans musique. Observez votre environnement pendant votre promenade. Saisissez pleinement l’instant. Le corps donne de nombreux signaux quand quelque chose ne va pas, mais nous avons tendance à les ignorer. À force de faire défiler les réseaux sociaux ou de chercher la distraction, vous ne trouverez pas les réponses en vous. »
La première étape se cache dans un petit geste quotidien, que vous avez peut-être oublié. « Vous sentez que vous êtes en surcharge ? Prenez une douche, préparez-vous une tasse de thé, faites un bain de pieds ou écoutez l’eau qui coule pendant une promenade », conclut Lily-Joan. « Toutes ces choses simples peuvent vous aider à vous détendre. Revenir à son rythme naturel n’est pas un luxe, c’est une nécessité. » ☉
