Bien-être et santé mentale au travail
La Belgique est confrontée, depuis une dizaine d’années, à une augmentation considérable des problèmes psychosociaux, qui représentent aujourd’hui plus d’un tiers des arrêts maladie. Les entreprises s’emparent désormais du sujet de la santé mentale.
Une attention plus grande aux problèmes psychosociaux
Traiter la question de la santé mentale s’avère complexe, mais les organisations d’employeurs et les syndicats montrent leur volonté de s’en saisir. L’épidémie de Covid-19 a joué un rôle de catalyseur sur ces questions. Comme l’explique Rudi Delarue, président du Conseil national du travail (CNT), « l’obligation de télétravailler liée au Covid a engendré certains problèmes musculaires et psychosociaux, avec une problématique autour de l’isolement et du sentiment d’appartenance ». Les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle sont également plus floues en télétravail, avec un risque d’hyperconnexion. Tous ces éléments influencent fortement le bien-être psychosocial.
Le sujet de la santé mentale est de moins en moins tabou au sein des entreprises. « Le fait de recourir à des services externes de prévention, avec une position neutre, donne du confort aux travailleurs, qui peuvent par exemple demander des consultations spontanées de manière confidentielle », détaille Gretel Schrijvers, CEO de Mensura. Les entreprises ont désormais compris qu’elles ont intérêt à investir sur le sujet de la santé mentale pour réduire le nombre d’arrêts maladie de longue durée.
Une approche collective et intégrée
« Les malades psychosociales peuvent être liées à des facteurs de risque très divers, avec des imbrications entre le travail et la vie privée. Elles ne sont d’ailleurs pas uniquement liées aux personnes, mais peuvent aussi trouver des causes dans l’organisation et les conditions de travail. Il est donc nécessaire de mettre en place une approche impliquant les différentes parties prenantes : le service de prévention, la délégation syndicale, le comité pour la prévention et la protection au travail, et bien sûr le management », explique Rudi Delarue. Les recommandations du Conseil national du travail en faveur du bien-être psychosocial et de la prévention du burn-out, formulées en 2023, vont pleinement dans le sens d’un « soutien interne fort pour une politique de bien-être forte ».
Cette approche globale est d’ailleurs confirmée par Gretel Schrijvers : « Les problèmes de santé mentale sont souvent liés à une combinaison et une accumulation de facteurs. Il est donc nécessaire de mener une analyse globale, prenant à la fois en compte l’individu, mais aussi le groupe auquel il appartient, le leadership et l’organisation ».

Des leviers pour agir concrètement
D’un point de vue légal, les entreprises sont dans l’obligation de mener une analyse de risques au niveau psychosocial, et sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à le faire depuis le Covid. Les résultats de cette analyse de risques permettent ensuite d’établir un plan d’action et de définir des axes d’intervention, portant par exemple sur des problématiques propres à certains départements.
Proposer davantage d’entretiens d’accompagnement avec les managers, d’autonomie dans le travail ou encore de formations sur le management en télétravail sont des exemples d’actions concrètes. Comme l’explique Gretel Schrijvers, « il est très important d’obtenir le soutien de la hiérarchie et de la délégation syndicale, et notamment de former la ligne hiérarchique pour l’aider à reconnaître les premiers symptômes des problèmes psychosociaux ». La formation aux premiers secours en santé mentale (PSSM) proposée par Mensura va d’ailleurs dans ce sens. La mise en place d’un Employee Assistance Program (EAP), service de soutien aux travailleurs disponible en 24/7, gagne également du terrain dans les entreprises.
Pour Rudi Delarue, traiter le sujet de la santé mentale implique de se pencher sur la gestion de l’entreprise, en évaluant « l’organisation, les conditions de travail, la charge et le temps de travail, mais aussi les relations entre collègues, avec pour objectif de développer des travailleurs sains dans des entreprises saines ».