Healthcare

L’importance croissante de l’empowerment du patient

juin 26, 2025
par Hannes Dedeurwaerder

L’empowerment du patient vise à ce que le patient participe de manière autonome et active à son propre processus de soins, au lieu de simplement « consommer » les soins de façon passive ou, pire encore, de les subir. Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Et quels en sont les avantages pour le patient et le prestataire de soins ? « Nous vivons dans une société où les gens ne veulent plus simplement subir. »

L’empowerment du patient signifie que ce dernier prend part activement à la conduite de son processus de soins, ce qui lui permet de préserver son autonomie et son sentiment de contrôle. Il ne s’agit pas de grandes interventions, mais souvent de gestes simples : respecter la vie privée, ne pas interrompre trop rapidement lors d’une consultation, saluer le patient… 

Le professeur Edgard Eeckman, président de l’asbl Patient Empowerment, explique : 

« L’empowerment du patient est un processus qui consiste à aider et à renforcer la personne qui sollicite des soins pour qu’elle puisse, si elle le souhaite, être aux commandes de ses soins. Voyez-vous, lorsque l’on tombe malade, on devient dépendant. De sa maladie, mais aussi des prestataires de soins, des organisations de soins et du système de santé. Des études montrent que cette perte d’autonomie peut rendre les gens agressifs, passifs ou même plus malades. En impliquant le patient et ses proches dans l’histoire, en maintenant ou en renforçant leur autonomie, en les informant correctement et en décidant ensemble, le prestataire de soins peut réellement faire toute la différence. » 

Trois conditions 

Pour Edgard Eeckman, trois conditions sont essentielles pour permettre l’empowerment du patient : « Premièrement, l’écoute mutuelle : le patient envers le soignant, et inversement. Deuxièmement, une relation humaine et surtout égalitaire entre les deux parties – l’empowerment du patient ne signifie en aucun cas que le patient a toujours raison. Troisièmement, il faut faire preuve d’autant d’empathie que possible. » 

Mais comment cela se traduit-il concrètement dans un hôpital ? Ann Cambier, responsable de l’expérience patient à l’hôpital AZ Sint-Lucas de Gand, répond : « La voix de nos patients est cruciale dans notre fonctionnement. Littéralement, car nous l’avons explicitement intégrée dans notre nouveau plan stratégique, et nous avons impliqué nos patients dans son élaboration. » 

Où injecter ? 

« L’empowerment du patient se manifeste dans de nombreux aspects : des enquêtes sur les repas, des questionnaires préopératoires via le portail patient, jusqu’aux toilettes pour stomisés. Ces toilettes ont par exemple été mises en place après un contact avec une association de patients qui souhaitait soulever un problème. On pourrait presque parler de micro-ajustements dans notre manière de travailler. Ne pas entrer dans une chambre sans frapper et prendre directement la température sur le front, par exemple. Ou demander si l’on peut secouer l’oreiller. Ce sont souvent de petits gestes qui rendent le patient heureux et lui donnent le courage de continuer. Et comme cela se joue dans de nombreux petits détails, c’est une histoire sans fin. Mais une histoire qui en vaut la peine, car elle contribue au traitement et améliore l’adhésion thérapeutique du patient.» 

Perte de temps ? 

« C’est un exercice continu », confirme Edgard Eeckman. « C’est une question d’attitude, mais aussi de comportements concrets. Comment est-ce que j’entre dans la chambre du patient ? Que fais-je si le patient est aux toilettes à ce moment-là ? Si vous lavez une personne dans une maison de repos, comment procédez-vous ? On peut aussi demander au patient à quel endroit il préfère recevoir une injection – si cela est médicalement possible. Ainsi, on lui donne le sentiment de participer à ce qui lui arrive.» 

« Et c’est une idée reçue de croire que l’empowerment du patient fait perdre du temps au médecin. À court terme, cela demande certes un investissement en écoute, mais si vous ne le faites pas, et que le patient a le sentiment que le médecin est pressé, il pourrait douter et ne pas prendre les médicaments prescrits. Ce qui mènera peut-être à une nouvelle consultation. Donc, au final, c’est une perte de temps pour le médecin.»  

« Je compare l’empowerment du patient à la conduite d’un kart », conclut Edgard Eeckman, « avec le patient et le prestataire de soins à bord. Le patient indique la direction, tandis que le soignant, en tant qu’expert et coach, est assis à côté avec la carte. Sur la base de son expertise, il dit : si tu veux aller là, je vais t’aider à y arriver de la manière la plus adaptée.» 

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