Business

Le Digital Twin: la clé pour surmonter les défis de la mobilité en Belgique ?

Est-ce que l’utilisation massives de données et de technologies numériques comme le Digital Twin serait la solution pour un demain plus vert en termes de transport? C’est l’objectif, bien qu’il reste encore des efforts à faire en termes d’open data et de collaboration entre les régions.

Née d’une convergence entre les secteurs numériques et du transport, la Smart Mobility, ou mobilité intelligente, propose de mettre à disposition de chaque citoyen un éventail d’options de déplacement adaptées à ses besoins, tout en répondant aux exigences sociétales de durabilité et d’efficacité énergétique. Mais les défis sont nombreux. 

 En Belgique, des disparités d’accessibilité aux transports en commun compliquent d’emblée la mise en œuvre de solutions durables, note Mario Cools, professeur à l’ULiège. « Les provinces de Limbourg et de Liège, par exemple, présentent des niveaux d’accessibilité nettement inférieurs à la moyenne nationale. »  

Les jumeaux numériques, ou « Digital Twin », jouent ici un rôle crucial dans la planification et la gestion des infrastructures de transports, souligne le professeur. « Ils permettent de visualiser en temps réel la situation actuelle des réseaux de transport et de simuler les impacts de nouvelles politiques ou infrastructures. » 

Simuler différents scénarios d’aménagement 

Ces répliques virtuelles 3D aident aussi à représenter différents scénarios d’aménagement et à tester des concepts dès les premières phases des projets, ajoute Xavier Tackoen, CEO d’Espaces-Mobilité, bureau d’étude belge qui accompagne depuis plus de 30 ans les pouvoirs publics belges, villes, opérateurs de transports et entreprises en matière d’espace public et de mobilité. Leur approche consiste à créer des visualisations immersives des projets, permettant aux citoyens, techniciens et décideurs de mieux comprendre et de participer aux choix d’aménagement. Les casques de réalité virtuelle offrent une immersion à 360 degrés, favorisant une meilleure perception des projets.  « Ils permettent de se plonger dans de futurs possibles de leur aménagement et de récolter des avis beaucoup plus précis sur la manière dont ils perçoivent l’avenir de leur quartier », indique l’expert en mobilité. 

L’outil est donc loin d’être gadget. Mais à l’heure où les technologies du Gaming, de la VR et de la AR sont utilisées sur les questions d’espaces publiques et de transports, le secteur en est cependant toujours à ses débuts, note Xavier Tackoen. Espaces-Mobilités et XRintelligence ont d’ailleurs lancé Sp8ce, une plateforme collaborative dédiée aux technologies immersives au service de projets d’espace public et de mobilité. « Il y a encore peu de formats standards pour les objets en 3D. » Même si des progrès sont visibles à Bruxelles, avec sa base de données 3D ouverte et détaillée, ainsi qu’à Namur qui dispose également d’une représentation en 3D de la ville, expose-t-il. 

« Il faut renforcer les échanges entre les régions pour éviter de réinventer la roue et économiser des ressources. »

— Xavier Tackoen, CEO d’Espaces-Mobilité 

Mario Cools regrette, lui, toutefois, le manque de données disponibles sur les flux de transport en Belgique, souvent fragmentées et difficiles d’accès. « On n’a pas encore l’habitude de partager des données à grande échelle. La Belgique est en retard en matière d’open data, ce qui limite l’efficacité des jumeaux numériques.» Il insiste aussi sur la nécessité de combiner les big data avec des enquêtes de terrain pour une analyse plus complète, surtout dans un contexte post-Covid où le télétravail modifie les comportements de mobilité. « Malheureusement, les données les plus récentes du SPW, datant de 2022, n’ont pas encore été publiées. » 

Mieux collaborer entre les différentes régions 

Alors que l’Europe vise la neutralité climatique d’ici 2050, les enjeux de demain dans le domaine du transport, tous modes confondus, sont nombreux: problème de congestion, sécurité routière, doubler le trafic ferroviaire européen à grande vitesse, des transports neutres sur l’environnement… Mais, malgré sa petite taille, la Belgique doit déjà surmonter bien des complexités politiques pour instaurer une politique de mobilité unifiée sur son territoire, note
Mario Cools. 

Mario Cools prône d’ailleurs, comme d’autres, une refédéralisation des compétences liées au transport et à l’aménagement du territoire pour développer une vision nationale unifiée, tandis que Xavier Tackoen appelle à « renforcer les échanges entre les régions pour éviter de réinventer la roue et économiser des ressources, mais aussi de faire confiance à des structures déjà existantes, comme la ITS.be qui pourrait faciliter le partage d’information et de données ». Tous deux s’accordent sur l’importance d’une vision commune et d’une coordination renforcée pour réussir la transition vers une mobilité intelligente à l’échelle nationale. 

septembre 16, 2024
par Caroline Beauvois

Découvrez-en plus...

Article précédent
Article suivant