Du journalisme au management puis à la gestion de la réputation, Hakima Darhmouch a tracé un parcours inspirant, guidée par la soif d’apprendre et de découverte. Aujourd’hui, elle met son expertise au service des dirigeants et des entreprises, avec une conviction : « La formation continue est essentielle. »
Hakima Darhmouch, à presque 47 ans, vous avez déjà eu une carrière particulièrement riche et variée. Comment avez-vous débuté dans le journalisme ?
« J’ai commencé ma carrière dès la fin de mes études, fin 90. C’est au sein d’une rédaction radio, puis à la télévision que j’ai découvert le journalisme, un métier qui m’a immédiatement captivée. Ce qui m’a toujours fascinée, c’est son dynamisme : aucune journée ne ressemble à une autre. À l’époque, je ne mesurais pas encore pleinement pourquoi, mais j’ai toujours ressenti un besoin insatiable de découvertes, de compréhension et d’apprentissage. Aujourd’hui, après 25 ans de métier, cette passion et cette curiosité sont toujours intactes. »
Vous avez brièvement quitté le journalisme pour une expérience au ministère des Affaires étrangères. Pourquoi ?
« À 24 ans, on m’a proposé d’être porte-parole du ministère des Affaires étrangères. J’ai accepté, curieuse de découvrir la diplomatie et, peut-être, de passer le concours diplomatique. Mais très vite, j’ai réalisé que ce n’était pas pour moi. On m’a aussi suggéré de faire de la politique, mais cela ne me correspondait pas. Je suis donc retournée à RTL, où j’ai repris mon parcours journalistique jusqu’à la présentation de mon premier JT à 28 ans, en 2006. »
Quelques années plus tard, vous avez pourtant décidé de reprendre des études. Pourquoi ?
« Le journalisme est un métier passionnant et stimulant, mais il repose aussi sur une mécanique répétitive à la présentation d’un JT. J’ai ressenti le besoin d’explorer de nouveaux horizons. À 35 ans, en 2014, j’ai donc repris mes études et suivi un Executive Master en Management à la Solvay Brussels School tout en continuant à travailler. Cette année a marqué un véritable tournant dans ma vie. J’y ai découvert la finance, la stratégie, les ressources humaines, le marketing… un univers totalement nouveau qui m’a immédiatement captivée. Cette formation m’a complètement sortie de ma zone de confort. J’ai plongé dans l’univers de la gouvernance et de la gestion, ce qui m’a ouvert de nouvelles perspectives : j’avais envie de faire plus, d’évoluer et de progresser dans ma carrière. Quelque chose en moi avait changé. »
Vous avez alors quitté RTL pour la RTBF en 2018, pour le poste de responsable du pôle culture et musique. Un changement radical?
« Oui, c’était un virage à 180 degrés : du privé au public, de l’info à la culture. C’était une décision difficile, car RTL était mon premier employeur et j’y avais des liens forts. Mais j’ai commencé à réaliser que j’étais finalement restée presque 19 ans au sein de la même entreprise, j’avais envie de découvrir autre chose, de sortir de la lumière du JT. À la RTBF, j’ai énormément appris, en matière de gouvernance et de stratégie. »
Et puis est arrivé le Covid. Ce contexte particulier a-t-il été un déclencheur pour votre changement de carrière, comme ce fut le cas pour beaucoup d’autres ?
« Le Covid a été une période très intense. Il fallait être inventif, accompagner les équipes, répondre aux inquiétudes… C’est à cette période que j’ai commencé à ressentir le besoin de liberté, le besoin d’entreprendre. À 43 ans, j’ai décidé de me lancer comme indépendante, en me donnant trois ans pour tester cette nouvelle voie, tout en restant ouverte aux opportunités d’entreprises. Puis, une idée a émergé : pourquoi choisir une seule entreprise quand je pouvais en accompagner plusieurs ? »
Aujourd’hui, vous êtes Independent Senior Advisor chez akkanto, bureau de conseil stratégique. En quoi consiste votre travail ?
« Nous accompagnons les entreprises, institutions et organisations dans la gestion de leur réputation : stratégie, positionnement d’une entreprise ou d’un dirigeant, gestion de crise, accompagnement en interne. Nous donnons aussi des formations à la prise de parole en public et des médias training. Nous accompagnons des leaders, des dirigeantes et dirigeants, ainsi que leurs équipes, dans leur positionnement. Souvent, ils ne réalisent pas pleinement l’impact qu’ils pourraient avoir — ou amplifier. Notre rôle est aussi de les sensibiliser à des enjeux cruciaux qu’ils n’ont pas toujours le temps d’appréhender dans le rythme effréné du business au quotidien. Nous sommes leurs partenaires en quelque sorte. C’est un métier passionnant, incroyablement enrichissant. Ce qui me plaît particulièrement chez akkanto, c’est la diversité des profils avec lesquels je travaille et dont j’apprends énormément : anciens journalistes, experts en politique, juristes… ainsi que la variété des secteurs. Une fois encore, aucune journée ne se ressemble ! »
Comment définiriez-vous votre moteur professionnel ?
« Trois éléments sont essentiels à mon épanouissement professionnel : l’apprentissage, le plaisir et l’impact. Si l’un d’eux vient à manquer, c’est le signe qu’il est temps de changer. Cette boussole a toujours guidé mes choix. »
Quelles sont les lectures qui vous ont aidée dans votre parcours ?
« Je lis beaucoup, notamment des articles de la revue Harvard Business Review. J’aime les études de cas sur la gestion et l’innovation, ainsi que les ouvrages business ou les témoignages de CEO inspirants. J’apprécie aussi les biographies de personnalités politiques, comme celle d’Angela Merkel par exemple. Je m’intéresse également au concept japonais de l’Ikigaï, ce qui fait sens dans la vie d’une personne. Comment combiner passion, vocation, profession et mission ? Vaste question qui me rappelle l’importance d’être ancrée, de savoir s’arrêter, de prendre du recul et de respirer. »
Comment trouvez-vous l’équilibre entre votre vie privée et professionnelle ?
« L’organisation est clé (rire). Mon agenda est sacré, et on planifie des moments de qualité avec mon mari, comme des voyages, des moments de pause, entre amis ou des escapades culturelles. Quand ces moments sont fixés, ils sont fixés – même si je reste flexible pour mon travail évidemment. Et puis, on communique beaucoup avec mon conjoint. Ma vie privée est ma priorité, même si j’aime beaucoup mon travail et que c’est aussi pour ça que je me sens aussi bien, forcément. »
Mon année d’études à la Solvay Brussels School a été un véritable tournant dans ma vie. J’ai découvert un univers totalement nouveau qui m’a immédiatement captivée !
Le saviez-vous…?
Quel est le projet dont vous êtes particulièrement fière ?
« Il y en a plusieurs… Présenter le JT pendant de longues années, parcourir le terrain en tant que reporter ! D’avoir inspiré des étudiants, des jeunes. Je suis aussi fière d’avoir travaillé à la RTBF, notamment pendant la période complexe du Covid, la RTBF qui a pleinement rempli ses missions de service public. Nous avons également soutenu le secteur culturel, durement touché par les fermetures prolongées, notamment à travers le plan #Restart — dont je suis particulièrement fière. Et aujourd’hui, sur un plan plus collectif, ce qui me rend le plus fière, ce sont les retours positifs de nos clients et collaborateurs. »