Carrière

Job-hopping et esprit carriériste: alliés ou antagonistes ?

mars 27, 2025
par Justine Doyen

Le job-hopping est un phénomène marquant du marché du travail actuel. Face à un environnement professionnel en perpétuelle évolution, une question se pose : est-ce compatible avec une progression de carrière ou cela constitue-t-il un obstacle à la stabilité attendue par les employeurs ?

Une quête d’opportunités 

Le job-hopping (changement fréquent d’emploi) est de plus en plus populaire, surtout parmi les jeunes générations. « Je remarque que ce comportement est très marqué chez la fin de la génération Y et la génération Z, c’est-à-dire chez les jeunes actifs entre 27 et 35 ans », explique Valérie Onsea, conseillère en orientation professionnelle et scolaire.  En raison de l’essor des outils numériques et des réseaux sociaux, on peut en effet désormais postuler à de nouvelles opportunités plus facilement, mais également solliciter de meilleures conditions de travail ou chercher à développer de nouvelles compétences.  

Les secteurs comme la technologie, le marketing ou la santé favorisent particulièrement cette dynamique. Avec des profils recherchés qui exigent des compétences transversales et adaptables, il est plus facile de changer fréquemment de poste sans compromettre sa carrière.  

Dans un marché où les talents sont de plus en plus sollicités, il n’est donc pas surprenant que le job-hopping apparaisse comme une stratégie légitime pour évoluer. 

L’importance de la cohérence et de l’accompagnement professionnel 

Certains employeurs redoutent que les job-hoppers ne s’engagent pas à long terme et représentent un investissement risqué. Cependant, de plus en plus d’entreprises prennent conscience des bienfaits du job-hopping, particulièrement dans les secteurs où l’adaptabilité est primordiale. « Dans ce contexte, un individu ayant multiplié les expériences peut être perçu comme un atout, capable de s’adapter rapidement aux changements et d’apporter une diversité d’expériences à l’équipe », analyse Aline Bernard, porte-parole de Randstad Group Belgium. 

Les entreprises doivent mettre en place des systèmes d’accompagnement pour leurs travailleurs.

— Aline Bernard • porte-parole de Randstad Group Belgium

En revanche, les recruteurs restent méfiants lorsqu’il s’agit de profils dont le parcours présente des changements trop fréquents sans cohérence apparente. « Un job-hopper doit démontrer que ses changements professionnels sont liés à un objectif de développement personnel ou professionnel et non une simple fuite devant les difficultés ou un manque de persévérance », justifie Mme Onsea. 

L’accompagnement professionnel proposé aux travailleurs est également un élément à prendre en compte pour maximiser les effets positifs du job-hopping. « Les entreprises qui souhaitent s’adapter à cette mobilité doivent aussi mettre en place des systèmes d’accompagnement pour leurs travailleurs. Cela inclut la mise en place de processus de mentorat et de formation continue pour soutenir la progression des talents », explique Mme Bernard. Selon elle, une telle démarche permettrait non seulement de retenir les employés, mais aussi d’enrichir leur parcours professionnel au sein de l’entreprise.  

Une stratégie gagnante ? 

Vous l’avez compris, le job-hopping n’est ni totalement incompatible avec une carrière ambitieuse, ni une solution miracle pour ceux en quête d’une progression rapide. Lorsqu’il est bien géré, il peut constituer un atout précieux dans un environnement professionnel en constante mutation. « Le job-hopping peut être positif si le changement est cohérent : soit pour avoir plusieurs responsabilités, soit pour acquérir des compétences. Changer pour changer, ça peut être risqué », alerte Aline Bernard. 

Pour les jeunes générations, le job-hopping correspond souvent à une quête de flexibilité et de développement personnel, mais cela ne doit pas les empêcher de réfléchir à leur trajectoire professionnelle sur le long terme. Pour les employeurs, l’adaptabilité est devenue essentielle, et accepter la mobilité des talents peut être une réponse aux besoins croissants d’innovation et de compétences diversifiées.  

« Aujourd’hui, le job-hopping devient la norme. Avec les nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail, cette tendance ne fera que s’accentuer et les employeurs devront continuer à s’adapter », conclut Valérie Onsea. 

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