Par Justine Doyen

Sandrine Corman: Une vie sous les projecteurs, ancrée dans la réalité

Sandrine Corman, ex-Miss Belgique 1997, s’est imposée dans les médias belges et français grâce à son naturel et sa sincérité. Animatrice charismatique, elle inspire par un parcours singulier, marqué par des expériences riches et variées.

Vous avez été élue Miss Belgique à seulement 17 ans. Est-ce que ce titre a influencé la carrière que vous menez aujourd’hui ? Auriez-vous pris un autre chemin sans cela ? 

« Complètement. Je ne venais pas d’un milieu artistique et je n’avais jamais envisagé de travailler dans les médias. Quand j’ai participé à Miss Belgique, c’était un peu par hasard, sans stratégie. Et puis voilà, j’ai gagné. Cette victoire m’a donné une visibilité énorme, surtout à cette époque. Très vite, les propositions sont arrivées. Sans ce tremplin, je pense que je serais restée dans une voie plus classique. Donc oui, ce titre a été déterminant, même si je ne l’avais pas prévu. » 

Quel regard portez-vous sur les concours de beauté aujourd’hui ? Comprenez-vous les critiques ? 

« Je comprends la remise en question, mais je crois qu’on oublie parfois ce qu’est réellement un concours de Miss. C’est un concours de beauté, avant tout. Et ce n’est pas un gros mot. Cela n’empêche pas les qualités humaines, l’intelligence, l’éloquence, mais la beauté reste le point de départ. Ce qui me dérange aujourd’hui, c’est qu’on veut trop le rendre « politiquement correct », au risque de le vider de son essence. On cherche à tout réinventer, à le rendre plus inclusif, mais parfois, on perd la magie, le rêve. À mon époque, c’était un vrai événement national. Il y avait de la grâce, du style, une certaine forme de glamour qui s’est un peu perdue. »  

Cette image de Miss vous a-t-elle poursuivie ? 

« Oui, pendant longtemps. C’est une étiquette tenace. Même après dix ans de télévision, on me présentait encore comme « Miss Belgique ». Au début, c’était frustrant, car j’avais l’impression qu’on ne voyait pas au-delà. Mais avec le temps, j’ai appris à l’assumer. C’est une partie de moi, un chapitre important. Et surtout, j’ai prouvé que je ne me résumais pas à ça. J’ai travaillé dur pour évoluer dans ce métier, gagner en crédibilité, et je crois que ça se voit aujourd’hui. »  

Après 28 ans de carrière, qu’est-ce qui vous pousse encore à continuer ? 

« Ce qui me stimule, c’est la diversité. Je ne fais jamais deux fois la même chose. Entre la télé, la radio, les documentaires immersifs, chaque projet est un nouveau défi. J’aime me renouveler, sortir de ma zone de confort. Et j’apprends encore, tous les jours. Quand je monte sur un bateau militaire ou que je m’entraîne avec la Légion étrangère, je découvre des mondes fascinants, très éloignés du mien. Ces expériences humaines me nourrissent autant que les grandes émissions de divertissement. C’est cette richesse-là qui me donne envie de continuer. » 

La télévision ou la radio : vous avez une préférence ?  

« La télé, c’est mon premier amour. C’est là que j’ai appris, que j’ai grandi. Mais la radio a un charme particulier. C’est plus intime, plus libre. Il n’y a pas de maquillage, pas d’éclairage, juste la voix. Ça demande une autre forme de sincérité. Aujourd’hui, je ne pourrais pas choisir. Les deux m’apportent des choses différentes mais complémentaires, et j’ai besoin de cet équilibre. »  

Vous avez travaillé en France sur des émissions de grande ampleur. Comment avez-vous vécu cette période ?  

« C’était une parenthèse incroyable. La France a un incroyable talent, X Factor, c’étaient de très gros formats. Travailler à Paris, c’est une autre échelle. Il y a plus de moyens, plus de pression aussi. Mais j’ai adoré cette effervescence. J’ai rencontré des gens extraordinaires, j’ai gagné en assurance. En même temps, cela m’a permis de prendre du recul sur ce métier. J’ai compris que je pouvais aussi dire non, choisir mes projets. Ce fut formateur. » 

« Ce qui compte, c’est de savoir s’écouter, et de ne pas culpabiliser. »

Et face aux stars que vous avez rencontrées, on garde une part de timidité ? 

« Oui, toujours. Je ne suis pas du tout groupie, mais certaines rencontres m’ont vraiment marquée. Johnny Hallyday, par exemple. Il avait une aura indescriptible. Céline Dion, elle, m’a bluffée par sa gentillesse et sa générosité. Ce sont des personnalités qui dégagent quelque chose de rare. Même après des années de métier, on reste impressionné. Et c’est aussi ça qui rend ce travail magique. » 

Avez-vous déjà envisagé une reconversion, une vie loin des projecteurs ? 

« Oui, et j’y pense de plus en plus. Pas par lassitude, mais parce que je sens que j’ai fait un long chemin. Je ne veux pas rester à l’antenne juste pour être là. J’ai envie de sens, d’authenticité. Et puis, il faut être réaliste : à la télévision, les femmes de plus de 60 ans sont rares. Alors, si un jour je sens que c’est le bon moment, je n’aurai pas de mal à tourner la page. Peut-être pour partir vivre à l’étranger avec mon mari, découvrir autre chose. » 

Et cette idée ne vous effraie pas ?  

« Non. J’ai d’autres passions, d’autres sources d’épanouissement. Ma famille, mes enfants, mes amis, le sport… Je ne suis pas prisonnière de mon image. Ce métier m’a construite, mais il ne me définit pas entièrement. Et c’est sans doute ce qui me permet de l’aborder avec autant de liberté aujourd’hui. » 

Vous êtes très présente sur les réseaux, sans être dans la mise en scène. C’est un choix ?  

« Oui, je ne suis pas une influenceuse, je suis animatrice. J’essaie d’être moi-même. Je poste ce que j’aime, ce qui me ressemble. Si je fais des collaborations avec des marques, c’est parce que je les utilise vraiment. Je n’ai jamais voulu mentir ou forcer une image. Et je pense que c’est ce que les gens apprécient. On ne peut pas tricher longtemps. L’authenticité finit toujours par transparaître. » 

En tant que maman, comment gérez-vous l’impact des réseaux sociaux sur vos enfants ? 

 « C’est un vrai sujet. Mon grand a 18 ans, et comme tous les ados, il est scotché à son téléphone. Je mets des limites, mais je ne veux pas non plus être dans l’interdiction totale. Il faut dialoguer, expliquer, accompagner. Avec le petit, c’est plus facile pour l’instant. Mais je reste vigilante. Le danger, c’est l’isolement, le repli sur soi, le regard des autres qui devient obsédant. On doit apprendre à nos enfants à se détacher de ça. » 

Les jeunes ne consomment plus les médias comme avant. La télé a-t-elle encore un avenir ? 

« Elle en a un, mais elle doit se réinventer. Aujourd’hui, chacun regarde ce qu’il veut, quand il veut. Il faut proposer des contenus plus ciblés, plus immersifs, plus interactifs. Mais il reste une place pour la télé de qualité, pour les émissions qui rassemblent. On en a besoin, surtout dans un monde aussi fragmenté. » 

« J’ai travaillé dur pour évoluer dans ce métier. »

Avec votre emploi du temps chargé, comment trouvez-vous du temps pour vous ? 

« C’est une organisation millimétrée. Mon mari et moi, on planifie tout. Mais j’ai appris à me ménager. Le sport, par exemple, c’est sacré. Deux fois par semaine, je bloque ce moment rien que pour moi. Et puis on garde aussi des soirées en amoureux, des week-ends en famille. Ce sont ces moments qui me donnent l’énergie de tout concilier. » 

Et quand vous avez un coup de mou ? 

« Je fais du sport, je vois mes amis, je cuisine, je bois un bon verre de vin… Je suis quelqu’un de très positif, mais j’ai mes moments de doute comme tout le monde. Ce qui compte, c’est de savoir s’écouter, et de ne pas culpabiliser. » 

Quel est le plus beau compliment que l’on pourrait vous faire ? 

« Que je suis une chouette fille, que je suis sympa et que l’on a envie d’être ma copine. »  

Avec tout ce chemin parcouru, quel est le plus grand enseignement que vous retenez ? 

« Je suis plus forte que je ne le pensais. Ce métier m’a permis d’explorer mes limites, de me dépasser, d’oser. Il m’a rendue plus sûre de moi, plus curieuse, plus ouverte. Mais il m’a aussi appris l’humilité. On peut être sous les projecteurs un jour, et oublié le lendemain. Ce qui reste, ce sont les valeurs, les liens, l’authenticité. » 

Que peut-on vous souhaiter ?  

« Que ma vie continue comme elle est là vraiment. J’ai bien entendu des rêves de voyages que j’espère pouvoir accomplir un jour mais je suis très heureuse.  Je suis très entourée, je reçois beaucoup d’amour de mon mari, de mes enfants, de mes amis. Pour moi ,c’est l’essentiel. » ☉

Le saviez-vous ?

En 1997, Sandrine Corman devient Miss Belgique à seulement 17 ans. Cette élection a marqué le début de sa carrière dans les médias. Pourtant, elle ne destinait pas du tout à ce type de profession : « J’étais très bonne élève, très assidue et très perfectionniste. J’étais assez douée en langues, c’était vraiment ma matière préférée. À l’époque, je me voyais bien interprète
ou avocate. » 

juin 18, 2025
par Justine Doyen
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