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Comment choisir la bonne plateforme de gestion avant le 1er janvier 2026 ?

septembre 25, 2025
par Caroline Beauvois

Le compte à rebours est lancé. Dès le 1er janvier, la facture papier ne sera plus légale. PME et indépendants devront obligatoirement passer par des outils numériques compatibles avec le système européen Peppol, destiné à standardiser la facturation électronique.

« On en parle relativement peu, mais c’est une des grandes secousses de cette fin d’année », avertit Didier Van Caillie, professeur ordinaire à HEC Liège, expert en gestion des PME. Et ce bouleversement oblige de nombreux professionnels à revoir en urgence leur gestion administrative et financière. Mais face à la profusion d’outils digitaux, comment faire le bon choix ?

Jusqu’à présent, certains irréductibles continuaient de gérer leur entreprise « à l’ancienne », classeurs sous le bras et factures manuscrites soigneusement archivées. Mais cette époque touche à sa fin. « À partir du 1er janvier, il ne sera plus possible d’émettre une facture papier comme avant. Elle devra obligatoirement passer par une plateforme intégrée avec Peppol », explique Didier Van Caillie. Objectif : transparence, traçabilité et lutte contre la fraude. Cette obligation, imposée par l’Europe, concerne toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.

Une mutation déjà bien entamée

En réalité, cette digitalisation ne date pas d’hier. Les plateformes de gestion financière ont commencé à émerger il y a une vingtaine d’années, à l’image de SAP, alors réservé aux grandes structures, expose notre expert. Depuis, la technologie s’est démocratisée. « Aujourd’hui, ces outils sont devenus quasi incontournables, même pour les indépendants », souligne le professeur.

Des noms comme Odoo, Microsoft Dynamics 365, Zoho ou Adfinity (pour n’en citer que quelques-unes) sont devenus familiers. Les plateformes actuelles ne se contentent plus de la comptabilité : elles proposent une gestion intégrée, modulable à souhait. « Le point d’entrée, c’est souvent l’application comptable. Mais derrière, on vend de la gestion de stock, de la logistique, des RH… Ce sont des produits tout-en-un. »

Le métier de comptable évolue vers le conseil, vers la stratégie.

• Didier Van Caillie. professeur ordinaire à HEC Liège, expert en gestion des PME

Attention aux fausses bonnes idées

Mais choisir sa plateforme ne se fait pas à la légère. « Il faut d’abord savoir ce qu’on veut. Pas trop, pas trop peu. Comme un bon fromage belge », sourit le professeur. Trop de PME se laissent séduire par des solutions surdimensionnées, complexes à implémenter, ou par des offres trop minimalistes, vite dépassées. « Le meilleur conseil, c’est de regarder ce que des entreprises semblables utilisent, et surtout, d’écouter le retour des utilisateurs… pas celui des vendeurs ! »

Autre écueil souvent sous-estimé : les coûts cachés. Implémenter une nouvelle plateforme ne se limite pas à son prix d’achat. Il faut intégrer les conséquences humaines et organisationnelles : résistance au changement, formation des équipes, adaptation des processus… « Acheter un logiciel, ce n’est pas juste acheter un logiciel. C’est aussi gérer les tensions internes, le départ parfois anticipé de certains collaborateurs que cette perspective de changement va effrayer… C’est une vraie transformation. »

L’automatisation bouscule les métiers

Et cette transformation touche également les professions de la comptabilité, observe le professeur. A l’indépendant ou responsable de l’entreprise d’encoder directement les informations, et les outils actuels intègrent des modules d’intelligence artificielle capables d’automatiser une large part des tâches traditionnelles. « Le comptable qui encode des opérations, sa raison d’être disparaît de plus en plus. Le métier évolue vers le conseil, vers la stratégie. » Certaines plateformes vont même jusqu’à proposer des analyses financières, fiscales ou de gestion, sur base des données récoltées en temps réel. Une véritable révolution du pilotage d’entreprise.

Le timing est crucial

La pression monte à l’approche du 1er janvier. « Depuis début juillet, on voit déjà des petites entreprises qui annoncent qu’elles arrêteront tout au 1er janvier, faute ou par peur de pouvoir s’adapter », observe Didier Van Caillie. D’autres choisissent de transmettre l’activité à un proche, pour éviter cette transition numérique qu’elles jugent trop lourde.

Pour ceux qui souhaitent continuer, le moment d’agir est maintenant. Et il ne faut pas sous-estimer l’importance de la prise en main de ces outils et de l’accompagnement. « La prise en main d’une plateforme permet de faire beaucoup de choses. Mais dès qu’il faut personnaliser ou intégrer des modules spécifiques, on a souvent besoin d’aide. » Mais le virage digital n’est plus une option. Il est devenu un impératif.

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