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Santé connectée : la révolution est en marche

décembre 17, 2024
par Caroline Beauvois

Et si le télémonitoring devenait la norme dans le futur ? Le patient peut retourner chez lui après un passage en l’hôpital et il continue d’être suivi chez lui à distance grâce à des dispositifs connectés et à des applications. Un remède à la pénurie de personnel soignants dans les hôpitaux ? 

Avec nos smartphones et montres connectées qui nous suivent à la trace, il est naturel de voir apparaître des dispositifs portables et des applications dans le secteur de la santé. Ces technologies médicales permettent de mesurer en temps réel le rythme cardiaque, la tension artérielle ou l’oxygène sanguin, et de transmettre ces données aux professionnels de santé. Résultat ? Un suivi des patients en dehors des hôpitaux, réduisant les infections nosocomiales et les coûts liés aux hospitalisations prolongées. 

Le potentiel de ces dispositifs médicaux a émergé pendant la crise du Covid-19. Certains patients légèrement infectés ont été suivis depuis chez eux grâce à une application mobile et un suivi quotidien, explique Steven Vandeput, conseiller digital chez beMedTech, fédération belge de l’industrie des technologies médicales, et coordinateur de mHealthBelgium, la plateforme des applications mobiles de santé reconnues comme dispositifs médicaux. Ces outils permettent un suivi continu et une prise en charge plus personnalisée, tout en allégeant la charge des soignants dans les hôpitaux. 

Mais l’accessibilité de ces applications dépend du cadre financier de l’INAMI. Et pour l’instant, les opportunités restent limitées. Parmi les dizaines d’applications de mhealth certifiées CE, seule « moveUP » a bénéficié d’un financement temporaire de l’INAMI par le passé. Aujourd’hui, aucune ne peut y prétendre. « Nous avons été parmi les premiers en Europe à envisager l’intégration d’applications de santé mobile. Mais six ans plus tard, le financement systématique fait toujours défaut », déclare Steven Vandeput. La Belgique est à la traîne par rapport à l’Allemagne et à la France, qui financent plus de 50 outils innovants de ce type, ajoute-t-il.  Mais il y a de l’espoir, car à partir de janvier 2025, la télésurveillance de certains patients souffrant d’insuffisance cardiaque sera financée là où il y a une place claire pour ces technologies numériques. » 

« Les patients enregistraient leurs paramètres vitaux (température, saturation en oxygène…) et répondaient à un questionnaire quotidien. »

— Sophie Hanoset chirurgien chez l’hôpital de la Citadelle de Liège

Des projets pilotes 

Malgré ce retard, les projets de suivi à domicile se multiplient. À l’hôpital de la Citadelle de Liège, un projet de suivi postopératoire pour les patients de chirurgie bariatrique a été testé en 2022 avec des résultats prometteurs. « Les patients enregistraient leurs paramètres vitaux (température, saturation en oxygène…) et répondaient à un questionnaire quotidien. En cas de valeurs anormales, une alerte était envoyée à une centrale de télévigilance », se rappelle la Dr Sophie Hanoset du service de chirurgie abdominale. Cette approche fluidifie la sortie de l’hôpital, renforce le lien avec les soignants et améliore le suivi post-opératoire tout en réduisant les déplacements inutiles. « Les patients ont adoré, car ils se sentaient en sécurité », commente la Dr Hanoset, qui voit dans ces dispositifs un potentiel préventif important, malgré les ressources humaines nécessaires pour les gérer. Soutenu par des partenaires financiers, le projet n’a pas été pérennisé. 

Vers une accélération avec le projet Patient@Home ?

Depuis juillet, l’hôpital de la Citadelle participe au projet Patient@Home, financé par le SPF Santé Publique, axé sur l’hospitalisation à domicile. Ce projet, coordonné par le Centre hospitalier de Wallonie picarde (Chwapi), regroupe dix institutions hospitalières, pour développer des soins transmuraux, explique Guillaume D’Hoen, médecin-chef adjoint à la Citadelle, qui collabore au projet. « L’objectif est de créer des parcours de soins où l’intra et l’extra-hospitalier collaborent efficacement. En Belgique, le système de santé rencontre malheureusement des difficultés à rapprocher la première et la deuxième ligne, en raison de nombreuses barrières, notamment liées au financement et aux outils numériques.” Le but est de coordonner les acteurs autour du patient pour augmenter le nombre de suivis à domicile, pour diverses pathologies (en antibiothérapie et oncologie notamment), grâce à des protocoles clairs et à une plateforme de communication commune (l’application Masana), accessible à tous les professionnels de santé (médecins généralistes, infirmiers, hôpitaux) ainsi qu’aux patients, qui deviennent aussi acteurs de leur trajet de soins, et leurs proches. Les défis sont de taille : harmoniser les pratiques, mobiliser le personnel et organiser les intervenants. Un manuel de bonnes pratiques est attendu d’ici fin 2025.