Par Tara Troch

Partage et authenticité : l’univers musical sans filtre de Santa.

Santa, c’est un univers musical empreint d'émotions brutes. Chanteuse du groupe Hyphen Hyphen, elle s'est réinventée avec succès en solo, touchant un large public avec ses chansons. Découvrez une artiste passionnée pour qui musique rime avec générosité.

Votre nom d’artiste est Santa. Comment avez-vous choisi ce pseudonyme ? 

« En réalité, je ne l’ai pas vraiment choisi. On m’appelle Santa depuis que je m’en souviens. Mes parents m’appelaient Santa, mes amis m’appelaient Santa, tout le monde m’a toujours appelée comme ça. Si bien que ce n’est pas vraiment un pseudonyme pour moi. »

Ce nom évoque forcément la fête de Noël (« Santa » désigne le Père Noël en anglais). Vous devez souvent entendre des remarques à ce sujet, non ? 

« Oui, mais il n’y a aucune intention marketing derrière ce nom, rien du tout. C’est purement personnel, lié à ma famille. Mon vrai prénom est Samanta Cotta  et « Santa » est simplement le diminutif. Ça sonnait mieux que « Sam », c’est plus joyeux, alors c’est resté. » 

Est-ce qu’il y a une différence entre Santa, l’artiste que l’on connaît, et Samanta, la personne dans l’intimité ? 

« Non, il n’y a aucune différence, aucun filtre. C’est pour cela que c’est à la fois un risque et une forme d’impudeur. Il n’y a aucune mise en scène là-dedans. Je suis totalement moi-même dans tout ce que je fais. »

En tant qu’artiste, avez-vous un lien particulier avec les fêtes de fin d’année ?  

« Pour être honnête, je déteste Noël. Cette période me rend souvent mélancolique. Mais j’essaie de twister cette tristesse en quelque chose de joyeux et festif. Par exemple, cette année, avec mon ami Adam (membre du groupe Hyphen Hyphen) on a imaginé un repack de mon album qu’on a appelé le « Pack Pirate Collector » qui contient l’album mais aussi des objets pour mes fans, comme des bandanas, des stickers, des médiators, un jeu de l’oie, à un prix qu’on a voulu le plus accessible possible. Ça permet aux gens d’offrir des cadeaux sans se ruiner. Je vais aussi m’amuser à faire des livraisons chez les gens, un peu comme des « Santa surprises » où je livre des colis en personne pour apporter un peu de bonheur. Vu que cette période me rend assez triste, autant donner de la joie et en recevoir. C’est un peu ma « guideline » de vie. » 

D’où vient cette mélancolie pendant les fêtes ? Est-ce lié à un événement particulier ? 

« Il y a bien sûr l’absence de certaines personnes qui résonne douloureusement à cette période. Mais même petite, j’ai toujours ressenti une certaine mélancolie en fin d’année. Cela dit, j’adore la neige à Paris et les lumières de Noël. On est fait de nos paradoxes. »

Comment percevez-vous l’aspect très marketing de Noël dans notre société ? 

« Je pense que toutes les occasions de se réunir sont bonnes à prendre. Certes, il y a une récupération commerciale, mais cela fait partie du jeu. Si le marketing est utilisé à bon escient et parvient à raconter une histoire pour rassembler les gens dans la joie et la chaleur humaine, alors je trouve que c’est positif. Personnellement, j’espère qu’on s’offrira mon album à Noël (rires). » 

« Je fais de la musique pour toucher les âmes. »

La musique semble être un outil puissant pour rassembler les gens. Est-ce ce que vous voulez transmettre à travers vos chansons ? 

 « Oui, absolument. Le partage et la réunion sont essentiels pour moi. Un concert, c’est comme une grande messe, un moment de communion. Si je peux offrir des instants de joie et de sérénité dans ce monde souvent chaotique, alors ma mission est accomplie. Souvent, on me dit « Préserve-toi, tu as 50 dates à assurer. » Mon problème, c’est que je ne sais pas faire les choses à moitié. Je donne sans limites. Dans une de mes chansons, je dis « Je préfère ton trop au pas assez ». Je serai toujours « trop ». On est en train de mettre en scène le prochain spectacle. Le producteur pète les plombs car je veux que ça explose de tous les côtés, je veux être partout. J’ai tellement envie de donner aux gens. Dans une période comme celle qu’on connait actuellement, faite de chaos et de violences sociales, j’ai envie d’offrir des instants de paix et de communion. On en a besoin. Si je peux, à mon échelle, humblement aider à redonner foi aux gens, je le ferai. »  

Comment passe-t-on d’un groupe à une carrière solo ?  

« Ce sont mes amis d’Hyphen Hyphen qui, après avoir écouté « Popcorn salé » m’ont dit : « Il faut que tu la fasses écouter aux gens, ça leur fera du bien. » Ce sont eux qui m’ont poussé à sortir ces chansons qui, au départ, n’avaient pas vocation à être écoutées par d’autres personnes. Elles sont finalement tombées dans le cœur des gens. Tout cela s’est fait par magie, grâce à eux. »  

Votre succès en solo est impressionnant. Est-ce quelque chose que vous aviez anticipé ? 

 « Je ne vais pas mentir : quand on sort de la musique, on espère qu’elle sera écoutée. Je n’aime pas les gens qui disent « Non, je n’espérais rien en sortant cette chanson ». C’est assez hypocrite car on espère toujours que sa musique va marcher. C’est incroyablement gratifiant de voir que ma musique traverse les générations, des enfants aux grands-parents. Je fais de la musique pour toucher les âmes, donc voir des âmes aussi pures que des enfants chanter « Popcorn salé » ou « Recommence-moi » ou encore des grands-parents qui viennent aux concerts et aux séances de dédicaces avec leurs petits-enfants, c’est immense pour moi. Toucher un public si large, c’est ma définition de la variété française. »  

Votre chanson « Recommence-moi » a été choisie comme hymne par la Star Academy. Qu’avez-vous ressenti ? 

 « J’ai accepté tout de suite. C’est génial de voir sa chanson reprise comme hymne. C’est un immense honneur de voir que ma chanson me dépasse, d’une certaine manière. En plus, ce sont des classiques qui sont généralement choisis pour ouvrir la Star Academy donc c’est joli de savoir que je m’inscris aussi dans une forme de patrimoine culturel des Français. C’est un très beau compliment. » 

Vous participez également aux Enfoirés. Qu’est-ce que cela représente pour vous ? 

« C’est un privilège incroyable. J’étais hyper impressionnée.  Au-delà de la cause, c’est une semaine de joie et de solidarité entre artistes. On prend conscience de la chance que l’on a de pouvoir bien vivre et manger tous les jours à sa faim. Si on peut donner un peu de nous durant quelques jours pour aider les gens moins favorisés, je réponds présente. Le partage et l’entraide, c’est l’une de mes grandes convictions. J’ai eu l’occasion de visiter des centres de distribution de Restos du Cœur avec Patrick Fiori, qui m’a parrainée. Heureusement qu’il était là pour me tenir l’épaule parce que j’étais vraiment dans un état de tristesse et de rage. Cela m’a bouleversée, mais ça m’a aussi donné encore plus de motivation pour chanter et sensibiliser le public à la cause des Restos du coeur. » 

« Je donne sans limites, je serai toujours trop. »

Vous chantez désormais en français après avoir chanté en anglais. Ressentez-vous une différence dans l’écriture ou l’interprétation ? 

 « Je ne pense pas. L’intensité des émotions est la même parce que c’est le même matériel qui est utilisé. Cependant, je pense que le français a plus de nuances dans l’interprétation. La langue française met davantage en avant la culture des mots. »  

 Comment vivez-vous la transition entre l’intensité de la scène et le calme qui suit? 

 «  Après un concert, je ne ressens pas de contrecoup. Les festivals et les concerts, c’est souvent des moments de fête parce qu’on est en groupe. Tout ce que je veux, c’est donner. Je reçois aussi énormément et c’est beaucoup d’adrénaline. Mais ces moments de calme après sont aussi propices à la joie. Cela dit, une tournée complète peut entraîner une phase de redescente plus intense. Le gros de la tournée aura lieu l’année prochaine ( Je serai d’ailleurs en concert le 24 octobre 2025 à Forest National) , mais je suis bien entourée par mes proches et mon équipe donc je ne suis pas inquiète. » 

 Vous êtes entourée des mêmes personnes depuis vos débuts. C’est important ? 

« Bien sûr que c’est important. De toute façon ce projet ne se serait pas fait sans eux. Line (du groupe Hyphen Hyphen) a aidé à faire tous les arrangements de l’album, Adam (également membre du groupe) a géré l’image du merchandising. J’ai la même équipe depuis toujours et c’est rassurant. Je pense vraiment que les grandes choses se font en famille. En tout cas, quand on porte un rêve, ce n’est réalisable qu’en équipe. Il y a deux ans, je n’aurais jamais imaginé partir en tournée, ouvrir des Zéniths ou des Forest (NDLR National). Pour moi, c’était immense. Ça peut être vertigineux, mais quand on est bien entouré, le champ des possibles
reste ouvert. »  

Avez-vous un souvenir marquant ou insolite d’un concert ? 

« Le piano suspendu à 40 mètres lors d’une performance place de la Bourse à Bruxelles reste un moment inoubliable. C’était un tel moment de plaisir que j’ai envie de le revivre . »  

Question piège : public français ou public belge? 

 « Je vais dire public belge. Vous êtes plus gai, vous les belges. D’ailleurs, petite anecdote, en France, on croit souvent que je suis belge. »  

Comment aimeriez-vous qu’on se souvienne de vous dans le futur ? 

 « Une folie douce. J’aimerais que l’on parle de moi comme d’une folie douce. »  

« Quand on est bien entouré, le champ des possibles reste ouvert. »

Le Saviez-vous?

Santa n’a pas connu la Star Acamedy ancienne génération. Elle ignorait que certains artistes étaient passés par l’émission de télécrochet quand elle les a rencontrés.  « Quand j’étais petite, ma télé était coincée sur la chaine Arte. Mes parents me disaient que la télécommande était cassée. Du coup, il me manque plein de références de cette époque. Je peux dire à quel point les Foulques Macroules passent un très bel été indien au Costa Rica mais par contre, j’ai découvert que Jenifer avait fait la Starac quand je l’ai rencontrée sur les Enfoirés. » 

décembre 10, 2024
par Tara Troch
Article précédent
Article suivant