Lifestyle

Faire du sport, c’est aussi pour le gain social

mars 26, 2025
par Heleen Driesen

Le sport est bénéfique pour le développement social, surtout lorsqu’il est pratiqué en équipe. C’est avec cette conviction que de nombreux parents inscrivent leur enfant dans un club sportif. Une excellente initiative, car le sport renforce à la fois le corps et l’esprit tout en enrichissant les compétences sociales. Cependant, certaines conditions doivent être remplies. « Si le sport était par définition social, il n’y aurait pas d’excès. »

« Le sport a le pouvoir d’unir les gens d’une manière que peu d’autres choses permettent. » Pour Nelson Mandela, le sport était un moyen de reconstruire et d’unir son pays. L’ancien président sud-africain a prononcé cette célèbre citation en 2000, lors de la remise des World Sports Awards. Cette même année, la judoka Gella Vandecaveye remportait une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Sydney. Un des moments forts d’une carrière qu’elle a troquée il y a vingt ans pour une passion dans l’entrepreneuriat en relations publiques et conseil en sport. 

Le sport rassemble les gens. Et ce que l’on fait ensemble, on le fait mieux, explique Vandecaveye. « Partager un effort physique crée des liens et une solidarité. On s’encourage mutuellement, on aide l’autre à se relever et on se motive à enfiler ses chaussures de course, à prendre son vélo ou à faire quelques longueurs ensemble à la piscine. Après l’effort, il y a toujours un moment pour un café au bar ou une discussion à la table de la cuisine. C’est précisément à ces moments-là que l’on se fait des amis. » 

Repousser ses limites ensemble  

Bien qu’elle soit issue d’un sport individuel, la dynamique de groupe et l’esprit d’équipe ont toujours joué un rôle important pour Vandecaveye. Son entraîneur national de l’époque, Jean-Marie Dedecker, avait rapidement compris l’importance des activités de groupe en dehors du tatami pour renforcer la cohésion sur le tapis. « En tant qu’équipe, nous avons escaladé le Mont Blanc et voyagé ensemble en Laponie et au Burkina Faso. Ces entreprises étaient éprouvantes, tant physiquement que mentalement, et nous avons appris à nous soutenir mutuellement
coûte que coûte. » 

Dans les sessions de team building qu’elle organise aujourd’hui, Vandecaveye propose des initiations au judo. « Le judo est un sport où l’interaction physique est primordiale. Au début, il peut sembler étrange de tirer et de pousser quelqu’un. Sans parler de faire un croche-pied à son supérieur ou à un collègue. Mais en testant sa force avec l’autre, en tombant et en se relevant ensemble, certaines barrières disparaissent rapidement. Cette nouvelle compréhension et cette cohésion perdurent aussi sur le lieu de travail. Des semaines plus tard, on continue d’en parler et d’en rire. » 

Le sport est bénéfique de nombreuses façons, affirme Vandecaveye. « Il améliore non seulement la condition physique, mais aussi la confiance et la maîtrise de soi. On canalise mieux son énergie et on devient plus conscient de son corps : de ses limites, mais surtout de ses capacités. Cela forge l’identité et la force, et aide à mieux se positionner dans la vie. » 

Les sportifs de haut niveau ne sont peut-être pas intrinsèquement des êtres ultra-sociaux, estime Vandecaveye. La pression et les attentes individuelles sont élevées. « Les athlètes restent concentrés sur leur propre bien-être et leurs performances, même s’ils donnent tout pour leur club. Moi-même, en tant que sportive, j’étais plutôt introvertie. Ce n’est qu’après ma carrière que j’ai découvert que j’étais une véritable joueuse d’équipe. Je souhaite le meilleur aux autres et la jalousie m’est étrangère. Peut-être parce que j’ai aussi vu, au cours de ma carrière sportive, comment il ne fallait pas faire. » 

« Un contexte où tout tourne autour de la victoire peut inciter à des comportements antisociaux. »

— Prof. Dr. Marc Theeboom • Spécialiste des sciences du sport (VUB)

Un cadre sain  

C’est une réflexion importante que le professeur Marc Theeboom, spécialiste des sciences du sport à la VUB, souhaite souligner. « L’interaction sportive offre certes des opportunités de développement des compétences sociales. Mais le contraire est également vrai. Si le sport était intrinsèquement une activité sociale positive, nous ne serions pas confrontés à des excès tels que le racisme, l’homophobie, la corruption des matchs ou le comportement antisportif. » 

Un facteur essentiel est la manière dont le sport est pratiqué et encadré, explique Theeboom. « Si tout tourne uniquement autour de la victoire ou d’être le meilleur, on entre dans une dynamique de concurrence intense, où certains pourraient être tentés de tricher ou d’adopter un comportement antisportif au détriment de leurs coéquipiers ou adversaires. » Ce contexte est particulièrement sensible pour les enfants et les adolescents en pleine croissance. « Prenons l’exemple d’un entraîneur qui tolère une poussette violente ou un commentaire déplacé de ses joueurs, tant que cela échappe à l’arbitre. Ou encore des parents qui critiquent le jeu depuis la ligne de touche. Une telle attitude ne favorise pas le fair-play. » 

La compétition est-elle alors toujours une mauvaise chose ? Non, répond Theeboom. « Car il est important de relever des défis et d’apprendre à viser un résultat. Mais peut-on aussi accepter la défaite ? Reconnaître que l’autre était meilleur ? Comment gère-t-on la déception d’être mis sur le banc ? Et comment un entraîneur justifie-t-il ses décisions ? » Ce ne sont pas des compétences évidentes, et elles nécessitent une formation adéquate, qui laisse parfois à désirer en Flandre, déplore Theeboom. « Le défi pour les responsables politiques reste de convaincre les clubs et les organisateurs d’investir dans cet aspect. » 

Si toutes les conditions sont réunies, les sports d’équipe stimulent assurément les relations sociales, reconnaît Theeboom. Ils permettent de se faire des amis pour la vie. Mais devenir une personne plus sociable dépend aussi de son attitude et des leçons de vie que l’on reçoit. Un sport n’est d’ailleurs pas meilleur qu’un autre pour nouer des contacts et améliorer ses compétences sociales, souligne le spécialiste du sport. « Même les sports individuels comme la natation, l’athlétisme ou le fitness se pratiquent souvent en groupe. Nos recherches montrent que même les sports de combat les plus intenses peuvent être exercés de manière sociale. Tout repose sur la communication, le respect et l’empathie. Si ces valeurs sont encouragées, alors je dirais : rejoignez un club sportif et inscrivez-vous dès que possible. » 

Article suivant