L’accessibilité est plus qu’un trottoir ou un ascenseur
L’égalité des chances pour tous. Cela devrait être une évidence. Pourtant, en tant que société, nous avons encore du mal à permettre à chacun de participer et à éliminer certaines barrières. Nous devons faire de l’accessibilité une priorité, tant pour les personnes ayant un handicap physique que pour celles avec un handicap intellectuel.
La définition de l’accessibilité stipule que toute personne, avec ou sans handicap, doit avoir la possibilité d’accéder à toutes les formes de services, d’informations et de prestations. Cependant, ce qui est inscrit sur le papier ne reflète pas toujours la réalité. Claire Taymans, chargée de promotion du FALC, une association belge qui œuvre pour la qualité de vie et la participation sociale des personnes ayant un handicap intellectuel et de leurs proches, confirme ce constat et va même plus loin. « Quand on pense à l’accessibilité, on pense souvent aux aménagements pour les personnes ayant un handicap physique. Mais nous négligeons les personnes avec un handicap intellectuel. La complexité des informations représente souvent une barrière majeure, rendant la société inaccessible. Voter, renouveler une carte d’identité, signer un contrat, s’inscrire à la mairie, aller au musée, suivre les actualités… Ces actes quotidiens sont souvent très compliqués pour les personnes ayant un handicap intellectuel et d’autres difficultés cognitives. »
Exclusion
Un handicap intellectuel est souvent invisible, et les personnes concernées, ainsi que leurs proches, se sentent souvent jugées ou incomprises. Les parents d’enfants en situation de handicap luttent quotidiennement pour que leurs enfants bénéficient des mêmes droits que les autres citoyens, afin qu’ils ne perdent pas leur lien avec la société. « Le manque d’accessibilité de l’information entrave le développement de l’autonomie et la capacité à comprendre les informations de base qui régissent la vie quotidienne », ajoute Claire Taymans. « Dans des situations plus complexes, une accessibilité insuffisante peut parfois engendrer du stress ou des réactions inattendues chez les personnes avec un handicap intellectuel. Il faut donc prendre soin de la communication écrite et orale pour offrir à ces personnes une qualité de vie. Il est important de penser à l’accessibilité pour les personnes ayant des limitations physiques, mais aussi pour celles ayant des limitations cognitives. »
La participation citoyenne
Un bon point de départ pour mieux comprendre les obstacles majeurs auxquels Les personnes en situation de handicap sont confrontées est d’écouter les experts du vécu eux-mêmes. Partir avec eux et voir ce à quoi ils sont confrontés quotidiennement, ou se plonger dans leur monde de vie avec des lunettes de réalité virtuelle en fauteuil roulant. C’est ce qu’a fait Rina Rabau Nkandu, Échevine de la Rencontre à Malines. D’origine gréco-congolaise, elle a été nommée à ce poste il y a 3 ans et est convaincue que l’accessibilité est l’un des plus grands défis de ce siècle. « Quand on n’a pas soi-même de limitations, on a de nombreux angles morts. C’est pourquoi la représentation est cruciale. C’est avec cette idée en tête que nous avons fondé le conseil consultatif ‘Participer Autrement’. Parce que Sabrina atteinte de la sclérose en plaques, Debby qui est malentendante et Daan, un sportif paralympique, peuvent m’apprendre bien plus que je ne le pourrais depuis mon bureau. »
Dans la ville, Rina Rabau Nkandu travaille de manière aussi transversale que possible. Cela signifie qu’elle collabore étroitement avec d’autres services comme la jeunesse, le tourisme, les travaux publics, les événements… « Il est important que chaque service de la ville comprenne qu’avec de petits ajustements, ils peuvent aider un grand nombre de personnes. J’insiste donc pour que, lorsqu’il y a des projets ou des travaux en ville, mes collègues consultent d’abord le conseil consultatif. Par exemple, nous avons été très appréciés pour notre politique de tourisme accessible. Cela est dû au fait que le service du tourisme a dialogué avec notre conseil consultatif et écouté leurs besoins. Nous disposons désormais d’une offre touristique accessible aux fauteuils roulants, d’informations en braille pour les malvoyants, des vidéos avec interprétation en langue des signes ont été réalisées au Hof van Busleyden… C’est le résultat du dialogue. » Elle affirme également que le cadre doit être élargi, car elle souhaite, dans les années à venir, s’engager davantage pour la neurodiversité et d’autres troubles cognitifs, ainsi que pour les obstacles qui y sont liés.
Chaque pas compte
Rendre la ville accessible a été un point d’attention important ces dernières années pour Malines. Divers projets ont été lancés, comme la construction d’une aire de jeux inclusive dans le Kruidtuin, la cartographie des sanitaires accessibles, l’élaboration d’un plan d’amélioration pour le festival Maanrock et l’installation de rampes et de dispositifs d’appel chez les commerçants et restaurateurs locaux. « En octobre, nous avons installé notre 50e rampe, un accomplissement dont nous sommes très fiers », déclare Rina Rabau Nkandu. « Mon ambition est que l’accessibilité soit traitée avec autant d’attention que la sécurité. Cela doit devenir une évidence. »
Chez inclusion asbl, ils continuent également de travailler pour un meilleur soutien aux personnes ayant un handicap intellectuel. Ils promeuvent ainsi depuis des années l’utilisation du langage simplifié, appelé ‘Facile à Lire et à Comprendre’ (FALC). Le FALC est un outil essentiel pour rendre la société plus inclusive. Par exemple, lorsqu’une personne avec un handicap intellectuel reçoit une lettre de sa Commune en FALC, elle peut mieux la comprendre et être plus autonome dans les démarches administratives. Ce sont ces étapes que nous devons franchir pour plus d’accessibilité.