Aujourd’hui, la recherche industrielle et le développement & innovation sont des priorités. Sirris joue un rôle de soutien pour les entreprises dans l’adoption des nouvelles technologies et la réussite de l’intégration des différentes évolutions technologiques. Un rôle clé, car comme l’explique Derache : « Nous constatons aujourd’hui, même après plusieurs crises allant de la crise d’approvisionnement aux situations géopolitiques, que la pertinence de l’initiative collective est plus forte que jamais. »
D’où vient cette importance croissante ?
« La recherche collective a toujours été essentielle pour renforcer la capacité d’innovation des entreprises. Les projets mis en place proviennent souvent de défis communs à un secteur industriel spécifique. Comme la majorité des entreprises que nous accompagnons sont des PME, elles n’ont pas toujours les moyens de développer ces connaissances individuellement. Mais ensemble, nous trouvons la solution adaptée. »
La volonté est donc là, mais pas toujours les moyens ?
« La prise de conscience que les entreprises peuvent améliorer leurs performances grâce à la digitalisation est bien présente en général. Mais là où il faut constamment sensibiliser, c’est sur les “quelles solutions sont possibles ?”. Et celles-ci évoluent rapidement. L’espace des solutions change constamment, et de nouvelles technologies sont en permanence disponibles. Nous considérons alors que notre mission est d’informer au mieux les entreprises à ce sujet. Dans chaque domaine où nous sommes actifs, il y a une part d’évangélisation et, d’autre part, un accompagnement concret et pratique. »
Et l’une de ces ‘nouvelles’ technologies dans laquelle Sirris souhaite investir massivement est l’IA ?
« Exactement. Nous travaillons dans le domaine de l’intelligence artificielle classique depuis plus de 10 ans, principalement avec des entreprises pionnières dans ce domaine. Mais ce que nous avons observé cette dernière année, c’est que GenAI (Générative AI) gagne de plus en plus en popularité, et grâce à sa maturité, elle devient beaucoup plus accessible aux entreprises. Il y a un potentiel énorme pour diverses applications industrielles, où GenAI ne remplace pas l’IA classique ou prédictive, mais vient la compléter. »
Peux-tu donner un exemple ?
« Oui, les jumeaux numériques. Il s’agit en fait d’un double de la réalité dans un environnement simulé. Ce modèle peut être alimenté par des données réelles provenant de capteurs, mais grâce à GenAI, on peut mieux entraîner ce modèle. Vous pouvez générer des données synthétiques qui serviront à apprendre au jumeau numérique comment il doit se comporter. De cette manière, GenAI permet de faciliter la formation d’un système d’IA. »
L’avenir pour une industrie technologique, donc.
« Oui, et en même temps, cela représente potentiellement une révolution dans le métier de Sirris. »
Explique ?
« La façon dont le conseil en innovation est dispensé aux entreprises pourrait radicalement changer à l’avenir grâce à GenAI. Nous voulons nous réinventer en permanence. Notre rêve est donc de pouvoir donner des conseils à une entreprise avant même qu’elle ne le demande, sur les opportunités possibles liées à son produit ou processus. En scannant automatiquement et systématiquement les données que nous possédons sur cette entreprise ainsi que d’autres informations disponibles dans le monde, nous pouvons dresser un tableau plus complet et garantir une approche plus proactive. »

" Il y a encore beaucoup de recherches sur la fiabilité des systèmes d'IA, afin qu'ils soient également explicables. "
Sans exclure le facteur humain ?
« Tout à fait, car les systèmes d’IA peuvent aussi produire des ‘hallucinations’. Ils pensent avoir une vision complète de la réalité et proposent une solution, mais qui peut être totalement hors de propos. Beaucoup de recherches sont encore menées sur la fiabilité de ces systèmes, afin de les rendre explicables. Nous alertons donc toujours les entreprises sur les dangers potentiels, les limites et les contraintes des systèmes d’IA mis en œuvre, et considérons qu’un facteur humain est indispensable dans le processus de décision. »
IA, sécurité… Y a-t-il d’autres enjeux à considérer ?
« La durabilité est, en plus de l’IA, le deuxième point d’attention majeur. Nous nous intéressons à la fois à la transition énergétique et à tout ce qui touche à la circularité dans l’utilisation des matériaux. Beaucoup de nos clients fabriquent des produits physiques, qui contiennent donc certains matériaux. Un enjeu est de rendre la chaîne de matériaux plus durable, en explorant par exemple la réutilisation, le recyclage ou un meilleur démontage en fin de vie. Tout cela pour extraire plus de valeur des produits, afin que l’ensemble soit non seulement circulaire mais aussi économiquement viable. »
Et par ‘transition énergétique’, tu entends la réduction des émissions de CO2 ?
« Pas seulement. Nous nous intéressons à la production d’énergie, à sa distribution, à son stockage ainsi qu’à sa consommation. La transition énergétique dans l’industrie repose sur trois conditions importantes, appelées le trilemme énergétique. Cela signifie que la transition doit être abordable & disponible, fiable & sûre, et durable. La combinaison de ces trois aspects, avec la réduction des émissions de CO2, constitue le grand défi actuel. »
Où se situe la priorité de Sirris ?
« Aujourd’hui, nous sommes les plus forts dans l’énergie éolienne onshore et offshore. La Belgique est même pionnière dans l’éolien offshore en haute mer. Sirris soutient ce secteur depuis 14 ans pour rendre l’énergie offshore plus abordable. Étant donné l’espace disponible en mer et la présence abondante de vent, il y a d’énormes opportunités. Mais c’est encore coûteux et complexe en raison des conditions météorologiques difficiles, des vagues élevées, des vibrations, etc. En plus de la production d’énergie offshore, nous explorons également la transition énergétique au sens large en mer. Nous voulons nous concentrer spécifiquement sur la production offshore d’hydrogène, sur les sujets du solaire flottant et bien plus encore. Tout cela pour maintenir notre position de leader. »
Un dernier conseil pour les entreprises ou les gouvernements ?
« Aux entreprises, je dirais : adoptez la mentalité de rechercher en permanence des améliorations de produits ou de processus. Innover est une manière de s’ancrer durablement à long terme, mais ne pas innover peut être une menace. Quant aux gouvernements, ils doivent veiller à continuer de promouvoir le climat d’innovation et à encourager la prise de risques. Fixer des objectifs ambitieux à long terme est indispensable, mais laissez les industries décider elles-mêmes de la manière d’atteindre ces objectifs. Sans créer un tsunami de régulations qui freine parfois le secteur. »