Healthcare

Grâce à l’intelligence artificielle, vers des soins plus humains

décembre 17, 2024
par Hannes Dedeurwaerder

L’intelligence artificielle (IA) nous permet d’analyser de grandes quantités de données et d’en extraire les schémas et les informations nécessaires. Cela ouvre la voie non seulement à l’optimisation des diagnostics et des traitements ainsi qu’à une approche plus préventive, mais aussi au développement de la médecine de précision – des soins personnalisés. 

« De nombreux projets européens se concentrent sur la médecine de précision », explique Jens Declerck, collaborateur de l’Université de Gand (UGent) et de l’I-HD, l’Institut européen pour l’innovation par les données de santé, qui se consacre principalement aux bonnes pratiques et à la recherche scientifique sur l’utilisation (et la réutilisation) des données médicales. « L’un des principaux défis pour que l’IA permette une véritable innovation est cependant la qualité de ces données. D’un point de vue technique, les applications d’IA fonctionnent presque toujours parfaitement, mais elles dépendent des données dont elles se nourrissent, et c’est principalement la qualité de ces données qui pose souvent problème. À ce jour, il n’existe pas de méthode uniforme pour définir et mesurer la qualité des données, et la sensibilisation à ce sujet reste insuffisante. Nous sommes encore dans une zone grise. » 

Ce constat s’explique en grande partie par le fait que la qualité des données n’est devenue un sujet brûlant que récemment. « Nous avons aujourd’hui des possibilités de partage des données, des outils logiciels, un cadre RGPD… », poursuit Declerck. « De plus, nous atteignons un stade où nous pouvons intégrer ces données. Cependant, nous constatons que leur qualité laisse à désirer : elles contiennent des erreurs, ne sont pas assez représentatives… Nous devons absolument y remédier, notamment si nous voulons avancer vers une médecine sur mesure. » 

Une plateforme unique 

Avec son entreprise 4HEALTH, Brent Luyckx rassemble autant de sources de données que possible grâce à la fusion des données et à l’IA, en particulier le machine learning. « Ce que nous faisons, c’est associer les données ADN à de nombreuses autres données : les réponses à des questionnaires, les données objectives issues de dispositifs portables, les données sanguines et, à partir de l’année prochaine, celles du microbiome. En procédant ainsi, nous sortons ces données de leurs silos et les analysons ensemble, sur une seule plateforme, afin de les faire interagir. » 

Cela doit permettre aux médecins d’utiliser ces données et les informations qui en découlent pour élaborer des plans personnalisés en matière de longévité ou de nutrition, voire même des soins pour la peau sur mesure. « Mais l’objectif n’est pas tant de créer des produits et médicaments parfaitement adaptés à chaque patient », précise-t-il. « Il s’agit plutôt d’utiliser ces données de la manière la plus efficace possible pour améliorer la santé des individus. En personnalisant les produits, on peut bien sûr avoir un impact plus grand, car on sait immédiatement ce qui fonctionne ou non, ou quels sont les besoins spécifiques des individus. Mais en obtenant davantage d’informations grâce à ces données, on pourra donner de meilleurs conseils sur les interventions liées au mode de vie. » 

200 kilomètres par heure 

La prévention progressera également à grands pas grâce à ces avancées. « Si nous pouvons surveiller toutes ces données en continu, nous pourrons détecter certains problèmes très tôt et agir de manière préventive. C’est là le principal avantage. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où énormément de nouvelles données sont générées, mais elles sont souvent fragmentées. La plus grande avancée des prochaines années en matière de soins de santé sera d’analyser ces données de manière intégrée grâce à l’IA. Et cela ne fera que s’améliorer : avec l’évolution de l’IA, nous avançons sur une autoroute à 200 kilomètres par heure. Les possibilités sont immenses – aujourd’hui, l’IA peut analyser un ECG mieux qu’un médecin. Mais il est essentiel d’utiliser et de former ces systèmes correctement. » 

IA, analyse de données, apprentissage automatique… Certains pourraient craindre une déshumanisation des soins. Selon Jens Declerck de l’I-HD, c’est tout le contraire. « Les prestataires de soins passeront moins de temps à documenter et administrer, et pourront travailler de manière plus efficace et prendre de meilleures décisions grâce à des informations beaucoup plus précises. Pour vous donner un exemple, j’ai une formation de kinésithérapeute : je passais une demi-heure avec un patient, mais au moins la moitié de ce temps était consacrée à l’administration. Avec les outils actuels, j’aurais pu me consacrer beaucoup plus au patient. » 

« Aujourd’hui, il existe encore de nombreuses zones d’ombre dans les dossiers médicaux », ajoute Luyckx. « Plus l’IA pourra combler ces zones d’ombre, plus le médecin pourra personnaliser le traitement et la relation avec le patient, car il disposera de davantage d’informations sur lui. » 

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